Le REBENT voit le jour, un référentiel benthique pour la Méditerranée

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Le REBENT voit le jour, un référentiel benthique pour la Méditerranée


Date de publication : 08 août 2008

 

Mots clés


REBENT, Méditerranée, Référentiel benthique



1- Introduction, pourquoi un référentiel benthique pour la Méditerranée



Le besoin s’est fait sentir suite à la pollution de l’Erika en Décembre 1999 sur les côtes bretonnes. Le pétrole était plus lourd que l’eau et a largement « impacté » les fonds marins sans qu’on puisse vraiment le mesurer de manière quantitative ni suivre le mouvement de résilience.


Ce besoin a donné naissance en particulier, puisque ici nous ne traitons que la façade méditerranéenne, au REBENT Méditerranée. Les autres façades ont été prises en compte de la même manière et plus tôt puisque le REBENT est né en Bretagne qui est de fait devenu un site pilote pour les autres façades françaises.


Les Directives européennes comme la Directive « Habitats »(Natura 2000), la DCE, ainsi que les grands changements climatiques prévus (effet de serre) ont renforcé les besoins de connaissance de ce compartiment biologique.


Cette démarche permet de suivre l’évolution des écosystèmes benthiques suite à toutes sortes de perturbations ou pollutions : aménagement du littoral, effet du changement climatique, rejet de stations d’épuration, progrès réalisés par la dépollution des eaux pluviales par exemple, suivi des biocénoses près des ports s’étant engagés dans une démarche « Ports propres « , suivi de l’impact positif d’un mouillage organisé comme à Calvi en Corse, le plus vieux, à Cavalaire sur Mer, à Saint-Raphaël, effets d’une marée noire, effet d’une gestion intégrée …, .


Pour le littoral du bassin Rhône-Méditerranée-Corse, ce référentiel permet d’intégrer en une seule base de données, les informations recueillies par l’Agence de l’eau RMC sur les lagunes corses (RLC : réseau lagunaire Corse) , sur les lagunes du sud de la France (RSL) et les données d’autres réseaux benthiques comme le réseau gorgones, le réseau Posidonie, Interreg III , le réseau « Caulerpes»…


Le REBENT est donc plus qu’un réseau, c’est une démarche fédératrice et intégratrice de différentes sources de données qui permettra de maintenir la diversité benthique, de détecter les changements climatiques et les effets de l’anthropisation et des pollutions naturelles ou produites de la main de l’homme. Puis d’envisager des solutions efficaces économiquement viables.



2- Zoom sur le REBENT



Le REBENT concerne trois pôles :

  • Biodiversité des espèces pour mesurer la qualité biologique (composition/abondance, taxons sensibles, introduction de nouvelles espèces comme les caulerpes) ; suivi des habitats (profondeur, hydromorphologie, état de pollution ...)
  • Cartographie par diverses méthodes décrites à la fin de cet article
  • Bancarisation et diffusion de l’information aux chercheurs, gestionnaires de milieux aquatiques salés ou saumâtres avec la mise en place de la base de données Quadrige2

En Méditerranée, ce n’est qu’en 2006 que le premier cahier des charges fût rédigé prenant en compte les possibilités techniques, économiques, logistiques, ..., les besoins des gestionnaires et des chercheurs. Des indices et indicateurs ont été élaborés pour simplifier le suivi et ce conformément à la Directive européenne cadre sur l’eau de l’année 2000. Ceci malgré l’inquiétude de certains chercheurs qui craignaient que tout ramener à des indicateurs et indices, était trop synthétique et risquait de briser quelque peu l’élan de la recherche dans la compréhension du fonctionnement des écosystèmes benthiques.

 

Le REBENT voit le jour, un référentiel benthique pour la Méditerranée. Le besoin d'un référentiel benthique pour la Méditerranée s’est fait sentir suite à la pollution de l’Erika en Décembre 1999 sur les côtes bretonnes ...

 

 

Il est en particulier nécessaire de réaliser l’inventaire des biocénoses dans les eaux côtières et les lagunes, de réaliser un point zéro qui permettra un suivi précis de la qualité et de la progression des écosystèmes, un signal d’une perturbation naturelle ou anthropique.

 

Pour conclure cette partie, il semble important de rappeler les points sur lesquels le REBENT doit s’appuyer :

  • Analyser la demande des gestionnaires des milieux littoraux pour mieux définir le contenu du réseau
  • Définir le contenu et les moyens de réalisation (prise en compte des cadres de gestion et de préoccupations plus locales)
  • Identifier les acteurs et définir un schéma d’organisation cohérent ainsi que le partage des responsabilités
  • Garantir la qualité des résultats et leur diffusion

3- Le REBENT peut être considéré comme un sous-ensemble des Systèmes d’Informations sur l’eau (SIE)



3-1 - La caractérisation de la demande


« Les biocénoses benthiques sont étudiées depuis environ 150 ans, mais leur prise en compte dans le cadre de gestion des zones côtières est récente, depuis notamment la Directive « Habitats » de 1992. Cette directive, qui donne une existence juridique aux sites NATURA 2000, prévoit notamment de maintenir ou restaurer les habitats (faune et flore) naturels, contribuant à maintenir la biodiversité des espèces sur des espaces définis, pour lesquels des mesures de gestion doivent être établies.

 

Pour le benthos, un réseau un réseau national se structure progressivement. Il est né en 2001 en Bretagne dans un cadre plus cohérent et complet que les projets réalisés auparavant sur des thématiques ou zones particulières comme :

  • Le programme ZNIEFF Mer conduit par le Muséum d’histoire naturelle, qui définit des zones écosystémiques d’intérêt patrimonial, munies d’une fiche de renseignement. Il en va ainsi d’herbier remarquables de Posidonies de part leur taille et qualité comme l’herbier de la Presqu’Iles de Giens dans le Var.
  • Le suivi d’espèces invasives comme les Caulerpes taxifolia et racemosa.
  • Des initiatives plus locales comme le réseau de suivi des Gorgones en PACA mis en place après la « catastrophe écologique » de 2001 (forte mortalité des invertébrés sessiles à la profondeur de 30 m et plus bas, ou bien le réseau de suivi Posidonies sur la façade méditerranéenne (RSP).

3-2 - L’apport de la DCE au Rebent est important


En effet, cette Directive a permis tout d’abord la collaboration pour les mêmes objectifs, de l’Agence de l’eau RMC, des Direns, et in fine de l’IFREMER en 2005.

 

L’apport de données de la part du RLM (réseau littoral méditerranéen) vis à vis des exigences de la DCE est d’établir des protocoles complémentaires de surveillance là où le besoin se faisait sentir. Il est a noté que l’Agence de l’eau RMC et l’Ifremer collaborent depuis 1991, au travers de réseaux régionaux tels que le RLM, RINBIO (Réseau d’INtégrateurs BIOlogiques que sont les moules), RSL (Réseau de Surveillance Lagunaire).

 

Comme c’était déjà le cas pour le SDAGE RMC dans le cadre de la gestion équilibrée de la ressource en eau et des milieux aquatiques, le REBENT prendra en compte :

  • L’ensemble des demandes en matière de réglementations comme en matière de gestion : SMVM , contrat de baie, zone Ramsar, réserves de biosphère, réserves et parcs régionaux ou nationaux …
  • La qualité (diversité, état de santé) des biocénoses et paysages sous-marins (veille benthique) en prenant en compte les risques NABE
  • Mais aussi les études amonts (comparaison de techniques de cartographie, efficacité des indicateurs et indices ; un indice est une donnée plus globale qu’un indicateur de l’état de santé d’un écosystème, l’indicateur pouvant être un marqueur spécifique)

Pour ce faire, le littoral méditerranéen a été découpé en 50 zones relativement homogènes correspondant à des petits BV (bassins versants). Ceci permet de prendre en compte les apports d’eau douce (rivières, fleuves, eaux d’assainissement épurées ou pas) ayant un rôle important dans les équilibres biologiques. La limite inférieure de ces masses d’eau correspond à l’isobathe des -100 m où l’effet des apports telluriques s’estompe.


3-3 - Démarrage du REBENT


La première campagne réalisée par l’IFREMER pour la cartographie des fonds benthiques eu lieu en Août 2006. Les seuls écosystèmes concernés étaient le benthos de fond meuble et les herbiers de Posidonies. Avant le démarrage du REBENT , deux réseaux benthiques préexistaient : le RSP (Réseau de suivi des Posidonies) créé en 2001; le RSG (réseau survie des Gorgones) créé en 1984.



3-4 - Le REBENT et les pollutions par Hydrocarbures


Il est important de connaître l’état des biocénoses benthiques en Méditerranée pour être capable de suivre leur résilience après un accident impliquant des produits nocifs comme le pétrole brut, et d’autre part de connaître avec précision les zones colonisées par la Posidonie car aucun dispersant ne doit être utilisé à ces endroits sous peine de créer de graves dommages, voire d’entraîner la mort des Posidonies atteintes. Plus encore, même pour le pétrole brut, une fraction soluble (monoaromatique) existe et sera susceptible d’affecter les biomasses benthiques. Le pétrole brut est aussi capable après perte par évaporation de « couler » au fond.



3-5 - Le REBENT et les programmes de recherche


Le REBENT pourra créer un lien logique et regrouper sous une même base de données, des informations éparses provenant de différentes sources scientifiques et de programmes différents. Le tout viendra alimenter la base de données Quadrige2 grâce à l’apport normalisateur du SANDRE ( Service Administratif National de Données et Référentiels sur l’Eau) qui élabore le langage commun des données sur l’Eau.

 

Le SANDRE est chargé au travers du SIE (Système d’Information Eau) d’assurer la normalisation des données pour une exploitation en production d’informations ou en utilisation selon un standard commun pour une complète interopérabilité. On saisit ici et de mieux en mieux la puissance d’intégration du REBENT. Citons encore l’acquisition de données de recherches scientifiques provenant aussi des programmes Interrreg III-A, A1SC, IIIB-posidonia …



En savoir plus

Auteurs : Olivier Neuckens, Ingénieur écologue (M97) : olivier.neuckens@wanadoo.fr travaillant en tant que consultant pour la revue « Mer et Littoral, Lacs et Cours d’eau » et pour le « Portail Environnement » éditeur en environnement, et grâce à un article de l’IFREMER dont les auteurs sont : R. Kantin, B. Andral, S. Debard, J. Denis, V. Derolez, E. Emery, N. Ganzin, G. Hervé,T. Laugier, M. Le Borgne, D. L’Hostis, J. Oheix, V. Orsoni, S. Raoult, S. Sartoretto,C. Tomasino


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