En France, elles sont
désormais réservées aux déchets ultimes
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DECHARGES : quel avenir ? (EXTRAIT DE LIVRE) Chapitre 7. Décharges, régime minceur
Le pouvoir calorifique du méthane est de 38 MJ/Nm3
; celui du biogaz La France n'est pas un pays pionnier, ni un pays très avancé, en ce qui concerne la mise en place de systèmes de drainage et de valorisation du biogaz de décharge, en particulier parce que les conditions de rachat de l'énergie par EdF et GdF ne sont pas favorables. L'Allemagne et les Etats-Unis ont davantage montré la voie ; par exemple en Californie, on peut citer la décharge de Palos Verdes, équipée dès 1973 ; en Amérique latine, la décharge de Sao Paulo, au début des années 1980. En France, la première réalisation complète a eu pour cadre le site de Vert-le-Grand, dans l'Essonne, en 1980 ; elle a été menée en liaison avec Gaz de France. On peut, soit utiliser le biogaz Par exemple, sur le CET2 de Le Plessis Gassot, en région parisienne, Onyx collecte et valorise le biogaz, transformé en électricité. En 1998, Electricité de France avait lancé un appel à
propositions pour la fourniture d'électricité à partir
de biogaz. Début 2000, cinq propositions ont été
retenues : Hersin (Pas-de-Calais) : 3600 KW, Le Cannet (Var) : 2625 KW,
Ferolles-Atilly (Seine-et-Marne) : 2400 KW, Sonzay (Indre-et-Loire) :
2400 KW, Hussigny (Meurthe-et-Moselle) : 1900 KW, soit au total près
de 13 MW. Tous ces sites sont exploités par des compagnies privées
(dont trois par Suez-Lyonnaise des Eaux) et la production d'électricité
sera réalisée par la technique - éprouvée
- du moteur à gaz. EdF rachètera l'électricité
au prix de 36 centimes le KWh. A terme, en France, une centaine de sites
seraient susceptibles d'être équipés. Pour que ce
type d'équipement soit intéressant, d'un point de vue économique,
les sites doivent avoir une capacité d'accueil se situant très
largement au dessus de 100 000 tonnes de déchets par an. En ce qui concerne la hiérarchie des modes de traitement, la France et la Communauté Européenne placent la mise en décharge tout en bas de la hiérarchie, tandis que l'incinération avec récupération d'énergie est considérée comme une forme de valorisation. Une mise en décharge assortie d'une valorisation du biogaz ne constitue-t-elle pas une forme de valorisation-énergie, au même titre que l'incinération avec récupération d'énergie ? De plus, en termes d'impacts sanitaires et environnementaux, l'incinération est-elle préférable à la mise en décharge ? Dans un Rapport de 1993 [64], la Britain's Royal Commission on Environmental Pollution (RCEP) a comparé les émissions de gaz à effet de serre associées à l'incinération et à la mise en décharge ; le canevas suivant en fournit les principaux résultats : Pour une tonne d'ordures ménagères :
Une mise en décharge avec récupération de biogaz apparaît préférable, sur ce plan, et dans ces conditions, à une incinération avec récupération d'énergie. Ces résultats ont fait l'objet de critiques, dont celles formulées par M.K. Wallis [65] en 1994 :
Par ailleurs, l'analyse de Ngnikam s'applique au Cameroun où (comme dans divers pays d'Afrique équatoriale) la production d'énergie électrique est surtout d'origine hydraulique. Dans le cadre de l'application de la Directive européenne, quels seront en fait les modes de traitement, alternatifs à la mise en décharge, des fractions organiques fermentescibles ? La filière des biodéchets reste à structurer. Le fort taux d'humidité de certains matériaux biodégradables limite leur PCI, donc l'intérêt d'une incinération avec récupération d'énergie, et l'incinération s'accompagne d'émissions atmosphériques et de résidus solides à gérer. Hormis l'incinération, certaines fractions biodégradables peuvent être recyclées, suivant un recyclage-matière : tel pourrait être le cas pour des textiles naturels, et des papiers-cartons, en excluant toutefois les papiers domestiques et sanitaires. Les autres alternatives sont le compostage et la méthanisation en réacteur. Le compostage La tendance actuelle consiste à collecter séparément des fractions organiques fermentescibles compostables et valorisables, mais certaines fractions seulement ; divers restes de cuisine, ainsi que le compostage de papiers domestiques et sanitaires tels que les couches d'incontinence, posent problème. La méthanisation Vis-à-vis d'une mise en décharge avec récupération
de biogaz Cependant, là encore, lors du compostage, les fractions dures deviendront des refus de criblage, devront être finement broyées ou feront l'objet d'un processus lent de décomposition ; il en est de même lors d'une mise en décharge. Le choix européen trouve sa force dans le fait que
la mise en décharge de déchets organiques fermentescibles
occasionne des émissions de gaz à effet de serre "
qui n'en finissent pas ". Pour le moins, la période post-exploitation,
assortie d'une récupération du biogaz
Le choix européen n'est en fait pas partagé
par tout le monde. Aux Etats-Unis, l'EPA Il reste qu'au niveau mondial, on peut estimer (grossièrement) que les décharges produisent environ 300 milliards de mètres-cubes de biogaz par an, ce qui est considérable ! Le Protocole de Kyoto prévoit des " échanges de droits à polluer " (système du trading). Dès lors, les pays industriels vont-ils aider financièrement les pays en développement à mettre en place des systèmes de collecte et de valorisation du biogaz de décharge ? Ou bien vont-ils (en particulier suivant le " modèle européen ") aider à la promotion d'autres modes de traitement des déchets ? |