En France, elles sont désormais réservées aux déchets ultimes

Régime sec ou valorisation du biogaz ?

Bout de chaîne

DECHARGES : quel avenir ? (EXTRAIT DE LIVRE)

Chapitre 7.      Décharges, régime minceur


Bout de chaîne

La décharge ou le stockage sont généralement considérés comme bout de chaîne d'élimination. Mais ne constituent-ils pas des réservoirs de matériaux valorisables, pour le futur ? Il est possible de cribler d'anciennes décharges. Cette pratique n'est pas nouvelle. Par exemple en France, A. Joulot, dans un ouvrage datant de 1946 [68] en fait état. La Circulaire du 22 février 1973 précise qu'un vieillissement d'au moins cinq ans est requis. En 1980, la production française de criblés de décharges a été d'environ 70 000 tonnes, soit un tonnage très limité.

Les criblés de décharges peuvent être utilisés comme terreau, sous réserve de faibles teneurs en métaux lourds, ou comme matériau de couche dans le cadre de l'exploitation de nouvelles décharges. Le criblage génère lui-même un sous-produit : les refus de criblage, d'autant plus importants que la part de l'organique fermentescible se réduit. Les métaux peuvent alors être récupérés et les fractions combustibles (notamment les plastiques) incinérées. Ces opérations permettent de libérer l'espace ou, pour le moins, un gain en volume.

Par exemple, aux Etats-Unis, dans le Collier County, en Floride, le landfill mining, pratiqué à partir de 1988, a concerné des déchets déposés au cours de la période 1976-1979. A Edinburg (dans l'Etat de New-York), à partir de 1990, des déchets âgés de dix à vingt ans ont été criblés. Dans le Lancaster County (dans l'Etat de Pennsylvanie), le criblage pratiqué à partir de 1991 a conduit à récupérer les métaux, à incinérer les fractions combustibles et à libérer l'espace ; le gain en volume est de 78 % [69].

En France, plus récemment, Sertiru (du groupe Sita) a entrepris en 1992 de réhabiliter le site du Gros Ballot (à Lambersart, dans le Nord), où une décharge brute avait existé jusqu'en 1970. Après criblage, les déblais ont été acheminés sur le Centre de stockage agréé de Wallers ; en fin de chantier, le site de Wallers devait lui-même être fermé et aménagé en parcours de santé.

La Revue Environnement et Technique de mai 1995 relate également des essais de criblage d'anciennes décharges à Bègles, sur une décharge vieille de trente ans, ainsi qu'à Arcachon.

Pour sa part, l'incinération génère des émissions de polluants atmosphériques, dont certains font l'objet de phénomènes d'accumulation (y compris de bio-accumulation ), et des sous-produits solides susceptibles de relarguer diverses substances polluantes, en particulier des métaux lourds ; s'y ajoutent des sels qui accroissent la salinité des eaux douces. Les refiom et autres déchets industriels, même stabilisés et solidifiés (matricés), sont susceptibles d'occasionner à terme des relarguages, en s'échappant de leur prison.

Pour un futur éloigné, avec le progrès des technologies, chacun sera-t-il à même d'inerter ses propres déchets ? Le chemin à parcourir, sur cette voie de recherche d'autonomie, reste long, et son aboutissement très incertain.